Ceux qui s'attendaient à une série de petits spectacles sympas auront compris, dès son début, que Voies Off entend déranger. Dans leur « Cirque des Mirages » Yanowsky et Parker, chanteur et pianiste, délogent tous les repères de la bienséance, de la foi, du confort d'esprit, dans des chansons que la haute tenue du texte protège de la vulgarité ou de la facilité. « Il n'y a pas de création sans transgression » selon Yanowsky. Leurs chansons nous atteignent à un niveau ou nos repères habituels ne fonctionnent plus, ou mal. Rien n'est constant : Yanowsky regarde la salle avec candeur, puis devient Belzébuth, hurlant sa nature diabolique. En faisant rire, ils minent encore les défenses du public. Grand, en mouvement perpétuel, ses deux mains participant à la performance, parfois en duo, parfois en solo, Yanowsky bouscule toutes les parallèles. Nosferatu, maître des cérémonies de « Cabaret », Brel : il les évoque, pour les retourner ensuite comme un gant. L'éclairage allié à l'actualité font même que, sur son long corps, Yanowsky semble par moments avoir posé la tête du nouveau Président de la République ! Fred Parker au piano, le regard impassible, caresse ou pilonne son clavier, ses accompagnements toujours obsédants, comme s'il jouait à l'intérieur de nos têtes. Ce spectacle renversant ne se prive pas de dire que la mort nous attend, parfois impatiemment. Pour résumer les facettes sensuelles et sombres de ce cirque, il suffit de citer la fin d'une des chansons : « Je jouis… dans le néant. » Denis Mahaffey le 18/05/07